Une opération numérique orchestrée depuis Moscou
Un réseau sophistiqué de désinformation piloté depuis la Russie cible activement la France. Selon NewsGuard, l’attaque serait menée par Storm-1516, un groupe lié à l’Internet Research Agency, déjà impliquée dans les élections américaines de 2016. Cette fois, la manœuvre vise à affaiblir la position française sur la scène internationale, notamment en lien avec le soutien à l’Ukraine.
Un ancien policier américain au cœur de l’opération
John Mark Dougan: accusé de recours excessif à la force, de harcèlement sexuel et de pas moins de 21 crimes graves d’extorsion aux États-Unis. Actuellement réfugié à Moscou.
L’un des principaux acteurs de cette campagne est John Mark Dougan, un ancien shérif adjoint américain réfugié à Moscou. Il dirige une équipe qui exploite l’intelligence artificielle pour créer de faux contenus — vidéos manipulées, sites d’actualité fictifs, témoignages inventés — diffusés ensuite à grande échelle sur les réseaux sociaux.
Cinq fake news majeures et des millions de vues
Entre décembre 2024 et mars 2025, cinq fausses informations virales ont circulé, atteignant plus de 55 millions de vues. Parmi elles :
- une vidéo inventée accusant un migrant de viol.
- une fausse déclaration d’achat d’une banque française par Volodymyr Zelensky.
- une accusation mensongère de pédocriminalité visant Brigitte Macron.
Ces intox sont traduites dans plus de 13 langues et diffusées sur plus de 40 plateformes, dont Facebook, Reddit, Telegram et Bitchute.
L’intelligence artificielle, moteur de la propagande
L’IA générative joue un rôle central. Elle permet de créer des visuels crédibles, d’imiter des discours humains et de produire du contenu à grande vitesse. Des faux articles d’actualité sont créés automatiquement et partagés via des sites qui imitent la presse traditionnelle, rendant leur détection plus difficile.
Les IA françaises piégées par les contenus russes
Des tests récents montrent que même des chatbots comme Le Chat, développé en France, sont vulnérables à cette désinformation. Dans 32 % des cas, les IA génératives reprennent ces fausses informations sans les vérifier, les amplifiant involontairement.
La France, cible privilégiée
Avec près de 39 000 messages mensongers repérés en quelques mois, la France est aujourd’hui la deuxième cible européenne de ces campagnes, après l’Ukraine. Viginum, l’agence française de lutte contre les ingérences numériques, observe une montée en puissance de ces attaques, notamment autour des prises de position d’Emmanuel Macron.
Une réponse encore insuffisante
Malgré l’ampleur de la menace, les réponses politiques restent timides. L’Union européenne hésite entre régulation des contenus et respect de la liberté d’expression. Pendant ce temps, la Russie perfectionne ses méthodes et profite de la faiblesse des mécanismes de modération sur les réseaux.
Source: repubblica.it